ByPass gastrique
Conditions préalables pour envisager l’intervention
Comme avant toute opération de chirurgie bariatrique, un certain nombre d’étapes et consultations multidisciplinaires doivent avoir lieu, très en amont. Ces étapes garantissent une bonne connaissance des causes de l’obésité du patient, une décision réfléchie, et la certitude du choix de cette technique.
En quoi consiste le bypass ?
Le ByPass (terme anglais pour évoquer une dérivation) gastro-jéjunal est une opération permettant de créer une poche gastrique distincte de l’estomac. Cette poche gastrique est reliée directement à une anse de l’intestin grêle, le jéjunum.
Du fait de cette dérivation, une partie importante des aliments ingérés est détournée et n’est donc pas assimilée par l’organisme. Cette modification anatomique, définitive, entraîne à la fois une réduction de la taille de l’estomac et une malabsorption intestinale, et par conséquent une réduction importante des calories assimilées.
On parle de malabsorption intestinale car une partie seulement de l’intestin grêle va contribuer à l’absorption des calories, les enzymes et la bile nécessaires à la digestion étant essentiellement secrétées par le pancréas, situé juste après l’estomac. La malabsorption est une absorption n’entraînant qu’une assimilation partielle des calories.
Cette intervention provoque également une modification du fonctionnement de l’hormone liée à l’appétit, ce qui contribue à une diminution de la sensation de faim.
Le ByPass est une opération couramment pratiquée depuis plus de trente ans, bien maîtrisée et connue des praticiens. Le recul offert par ces trente années permet de constater l’efficacité de l’opération à court et à long terme.
Le résultat constaté en moyenne est une perte de 70 à 80 % de l’excès de poids du patient, excès qui n’est pas repris dans 4 cas sur 5.
La perte de poids maximale est atteinte un an après l’opération. Une éventuelle reprise de poids, qui peut atteindre 10 % de l’excès perdu, est souvent constatée.
Après 5 ans, le poids perdu est en moyenne de 70 à 80 % de l’excès initial, et à 10 ans, d’environ 60 à 65 % de l’excès de poids initial.
Comment se déroule l’intervention ?
L’opération, réalisée sous anesthésie générale, est le plus souvent effectuée par cœlioscopie, et dure entre trois quarts d’heure une heure trente, selon le poids du patient. L’emploi de fils résorbables pour les sutures intradermiques permet d’éviter l’étape du retrait des fils ou agrafes.
Après un passage en salle de réveil pendant 2 ou 3 heures, le patient réintègre sa chambre et y séjourne 1 ou 2 jours, au cours desquels on surveillera toute hémorragie ou complication, rares cependant.
Le patient est autorisé à boire un peu d’eau et à se mobiliser le soir même de l’opération. Les douleurs sont modérées et se situent dans la région de l’estomac, du dos et des épaules : elles sont souvent dues au gaz utilisé pour gonfler le ventre au cours de l’intervention. Elles disparaissent spontanément et rapidement.
Lorsque le patient rentre chez lui muni d’une ordonnance pour des antalgiques (antidouleurs), des anticoagulants, des vitamines, des antiacides, des compléments alimentaires protéinés, ainsi que de quoi effectuer des soins de paroi abdominale.
Il est également recommandé de porter temporairement des bas de contention (anti-thrombose), ainsi qu’une gaine abdominale pour accompagner la perte de poids rapide des premiers mois.
Le patient est arrêté en principe pour 3 semaines.
L’alimentation est reprise par des repas semi-liquides, puis mixés, puis solides. L’ingestion des aliments doit être lente, en mâchant bien, sans boire pendant les repas mais seulement entre les repas.
Des conseils et suggestions de repas sont fournis au patient pour une alimentation adaptée, permettant d’éviter tout malaise (malaise lié à l’ingestion trop rapide d’aliments trop gras ou sucrés, ou encore des diarrhées).
Suites et recommandations post-opératoires
Le suivi post-opératoire, médical et nutritionnel, est essentiel à la pleine réussite de l’opération. Le chirurgien reverra donc le patient deux fois par an, et le médecin nutritionniste quatre fois par an, et ce sur le long terme.
L’alimentation doit être complétée par des apports vitaminiques.
L’importante perte de poids qui suit l’opération peut entraîner une sensation de fatigue, du fait de la perte de masse musculaire consécutive à la perte de poids. Il est donc nécessaire de s’astreindre à un exercice physique dès la 4e semaine après l’intervention, selon les conseils dispensés par les équipes médicales. Cela peut commencer par une simple marche quotidienne.
L’exercice physique garantit un gainage musculaire de nature à maintenir organes et squelette, réduit la fatigue et favorise un sommeil de qualité.
Un an après l’opération, l’effet maximal de l’opération est atteint, il s’agit dès lors de limiter une éventuelle reprise, en continuant de contrôler son alimentation et en s’astreignant à une activité physique adaptée.
Il est fortement conseillé d’arrêter de fumer en prévision de l’intervention, ou au plus tard dans les mois qui suivent : le tabac complique la cicatrisation et accroît le risque d’une éventuelle fistule opératoire, c’est-à-dire l’apparition d’un trou au niveau des sutures intestinales. C’est une complication rare (2% des patients), et qui nécessite un ou plusieurs séjours hospitaliers pour ré-intervenir et suivre la cicatrisation complète.
Les cas de décès post-opératoire liés à un ByPass gastrique sont extrêmement rares, environ 0,2%, et surviennent non pas du fait du ByPass lui-même mais du fait de problèmes cardiaques ou d’une embolie.
La grossesse est déconseillée pendant l’année qui suit l’opération, par précaution. Elle peut en revanche être envisagée sans difficulté à partir de la seconde année post-opératoire.
Bénéfices et suivi médical à long terme
En premier lieu bien sûr, l’importante perte de poids qui suit l’opération est en soi un bénéfice, qui aide à une reprise de mobilité physique et de confiance, elles-mêmes induisant une amélioration du quotidien physique et psychique.
En second lieu, le ByPass gastrique permet une notable amélioration de la santé sur le long terme, et la baisse du risque d’une pathologie liée à l’obésité :
- 90 % des patients opérés améliorent leur diabète après un an,
- 70 % des patients réduisent leur hypertension artérielle, leur dyslipidémie, leur apnée du sommeil et leur stéatopathie hépatique.
Un suivi nutritionnel sérieux permet d’éviter toute carence : il inclut une supplémentation en vitamines, fer et calcium, et doit être maintenu à vie.